No say

30 juin 2022

Pour RRK, je crois que j’ai décidé : aucun dialogue direct. Et aucun tiret cadratin. La tentation de reprendre le dispositif d’HH, car il est aussi question de câbles, est tentant, comme une façon de me créer un style personnel. Mais j’ai avant tout envie que le livre soit lisible, simple et direct. Et aucune envie de me trouver un style unique pour plusieurs livres. Les tirets portent en eux une complication nécessaire, un entremêlement, qui au fond n’a de sens que pour L’homme heureux, puisque le protocole IP qui transporte nos messages aujourd’hui découpe les données par paquet, et les mélange dans les câbles, les paquets d’un même message pouvant transiter par des chemins différents jusqu’au destinataire qui reconstituera le message de départ, un peu comme le lecteur est invité à le faire en lisant HH, quand il doit composer avec les différents thèmes/phrases/paragraphes, mélangés qui lui sont proposés. Protocole différent pour RRK, il y a aura une construction en fonction du transport de messages, mais les messages étaient complets, recopiés au dos de factures, affiches découpées, et transportés de la main à la main jusqu’à Londres. Nous verrons cela, en attendant, il me faut réécrire ce qui est déjà écrit, pour valider la nouvelle forme.

Aucun dialogue, ne pas essayer de reproduire le langage de l’époque, de faire sonner quelque chose, d’employer des mots allemands comme Schnell, ou Ausweis, qui sont les lieux communs des textes sur cette période. Je verrai s’ils sont nécessaires, ou à éviter. Aucun dialogue aussi parce que j’ai l’impression qu’un théorème se dégage des romans contemporains : leur qualité est inversement proportionnelle au nombre de lignes de dialogues qu’on y trouve. Toutefois sans garantie que zéro dialogue soit la qualité maximale, mais plutôt avec celle que beaucoup de dialogue soit une facilité et produise une grande médiocrité. Théorème à faire valider par mes pairs, bien sûr, après les tests nécessaires.