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S’adapter

lundi 18 décembre 2023

18 novembre 2023

Les objets techniques évoluent selon l’usage qu’il en est fait. Les fabricants prennent en compte ce dont les utilisateurs ont besoin, après qu’ils aient essayé une première version, pour adapter à ce qui pourra mieux servir, de la pierre à l’enclume, du cadran de téléphone rotatif à numérique, l’évolution des chaussures, des tuyaux d’arrosage, Microsoft Excel, et quoi d’autre ? En va-t-il de même pour les objets culturels ? Faut-il que les créateurs adaptent leur œuvre à l’usage qu’il en serait fait ? Mais quel est l’usage d’une œuvre ? Et comment adapter, améliorer, optimiser quel rendement, quelle satisfaction clientéliste ? On a envie de dire non, de crier Non ! Pourtant, ces objets techniques, ces évolutions, cela a fonctionné, y compris dans l’art, comme la notation musicale, incroyable merveille de compromis sur plus de six siècles aboutissant à ces partitions qui peuvent sembler complexes, étranges, aberrantes, mais permettent d’écrire pour tous les instruments, avec une grande variété de rythmes condensés sur la page et même la vision des partitions des partenaires, sur la même page ; et offrant toujours la possibilité d’inventer des notations particulières et ponctuelles. La notation musicale elle-même est-elle une œuvre d’art collective ? Son évolution correspond à une demande de nouveauté, de surprise, ou alors les compositeurs ont-ils cherché à devancer leur public ? C’est toujours la question, comment créer une œuvre nouvelle qui n’imite pas, ne fabrique pas, mais crée une nouveauté telle que, par définition, elle n’a pas de public, et que ce public doit se trouver, s’inventer ou être inventé. Je me suis complètement éloigné de la question que je me posais, de savoir si je devais changer quelque chose à mon écriture pour... je ne sais pas pourquoi, je change en permanence quelque chose à mon écriture, c’est comme ça qu’elle vit.

En m’égarant de cette manière, j’apprends que des startups qui se croient plus malines que 600 ans de cette lente évolution, lancent des projets en critiquant ce qui existe, en jugeant les partitions actuelles peu pratiques, trop élitistes, en faisant ce que les "disrupteurs" aiment faire (c’est dit très bien dans la vidéo [1] liée au-dessus) c’est-à-dire prendre leur ignorance et leur arrogance pour un regard neuf sur un problème ancien, avec la prétention de le comprendre et de le résoudre efficacement.

Pour écrire, où en est-on du rapport entre invention libre, compromis de faire partie du même monde, volonté de nouveauté et de surprise ? "On" ? Moi. J’en suis où ? Je n’en sais rien.


[1Mais je rajoute le lien car je sais comment ça marche, ce qu’on attend en lisant-cliquant.

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